Au coeur de la perte

 

Ton coeur te semble se déchirer de l'intérieur, craqueler, ou tout simplement imploser pour ne laisser que cendres.


Ton corps semble perdre pieds, et tout s'effondre en un instant sans temps, te laissant là, comme gisant au creux du monde.


Te voilà propulsé au coeur de la perte.

La perte de ton bien-aimé, d'un être cher, d'un enfant, de ton entreprise, de ton emploi, de tes illusions.


Te voilà envahi par l'angoisse que convoque le vertige de la perte inattendue, brutale, comme un rappel ineductable que tu ne contrôles pas le mouvement du vivant, ni dans un sens, ni dans l'autre.


Peut-être auras-tu le courage, l'ami, de regarder ton coeur se briser en mille morceaux, de répandre tes larmes ou de les assécher.

Peut-être auras-tu le courage, l'ami, de ne pas avoir ce courage.


Te voilà nu, dépossédé de tout ce que tu croyais être à toi, de tout ce que tu avais imaginé tendu par l'espoir d'une réussite, d'un éveil, d'un aller-mieux, de tout ce que tu avais patiemment mis au monde, de tout ce que tu croyais être toi.


Te voilà au creux de ta propre impuissance, au coeur de ta plus grande douleur.

Je t'en supplie, toi l'ami, ne renonce pas à ta peine, entre en elle comme jamais ton coeur d'aujourd'hui ne peut le concevoir.


Et puis ris, pleure, chante, hurle, déchire la nuit de tes cris, et rends les armes.

La douleur qui t'arrache le coeur en cet instant se rend visible depuis l'infinie présence, sinon tu ne la percevrais même pas. Apprivoise la, telle une lueur dans la brèche, et consens à te laisser réchauffer par ce soleil intérieur, tout doucement, sans faire de bruit, et ouvre toi à ce qui n'avait jamais pu s'ouvrir jusque là.


Toi l'ami, fais allégeance, consens à ce que la vie te pétrisse jusqu'à l'infini clarté de ton coeur éveillé, et deviens le soleil de ton être, pour toi, et le reste du monde.


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